Saigo no Sōhei

J'ai la boule au ventre en sortant du bureau du Kazekage, une gros sac de nœuds qui n'arrête pas de grossir à mesure qu'on marche dans le pavillon d'or, une douleur qui commence à se faire écrasante plus le temps passe. Je réprime l'envie de rendre mon repas à même le sol du palais et attend d'être à bonne distance du bâtiment pour laisser filtrer mon mal être, bras croisés, j'ai une remontée acide au niveau de la gorge, les paroles de Takeda deviennent lointaine, le mal bien présent. Inspire, expire.

-Ça va aller, j'ai juste besoin de continuer à marcher, ça va passer avec le... En fait non, la nausée qui vient me chatouiller la glotte me fait comprendre que ce n'est pas un bol d'air pur qui va me soulager. Je lève un doigt avant de me traîner jusqu'à un cactus qui passait par là.

Je régurgite tout le riz de ce matin, plus le thé et les biscuits que m'avait offert Akeno. A l'instant où je pensais que c'était terminé c'est le deuxième service, tout ce qui me restait dans l'estomac prend la fuite, un concentré de bile orangée qui me brûle la gorge au passage, je me redresse en titubant comme si j'avais siphonné toute la réserve impériale de sake. Je m'essuie le visage avec le chiffon réservé à l'entretient de ma marionnette puis me rince la bouche avec ma gourde, j'ai froid, les dents qui claquent et j'ai l'impression d'étouffer malgré la grande inspiration.

-Ça va passer. C'est pas la première fois. Depuis mon retour à Suna si par contre. Je renifle bruyamment. J'ai pas envie d'y retourner, c'est encore l'autre timbré qui est en poste là bas le commandant Junko. La dernière fois que j'étais de corvée sous ses ordres j'ai dû aller loin dans les montagnes, dans des chemins abandonnés pour nettoyer après ses sales trucs. La fille que j'ai dû achevé elle méritait pas ça putain, elle, elle me regardait comme si j'étais son dernier espoir et pis, quand je suis tombé sur le cul elle a compris que c'était foutu pour foutu. J'ai rien dis mais il doit comprendre quand même. Je voulais pas, les deux autres ils ont compris, ils l'ont fait à ma place, j'aurais dû... les empêcher de faire ça.

Instinctivement je serre Kongou contre ma poitrine, même si c'est juste la vague peluche d'un samouraï en armure le sceau sur sa poitrine, justice, c'est à cause d'elle que je l'ai inscrit. Mes mains n'arrêtent pas de trembler.

-C'est pas moi qui suis un lâche non? Quand j'ai essayé d'en parler on m'a tapé dans le dos en disant que c'était trois fois rien, je me suis jamais enfuis lors d'une embuscade mais en voyant ça, j'ai pas fait ce qui était juste. J'essaie de raconter la suite mais mes dents se remettent à claquer, serre fort et peut-être que ça passera avant que ça devienne indigne.

Ce n'est pas moi qui devient fou, c'était pas humain ce qui s'est passé dans les grottes.

La mission confiée par l’Empereur aux deux jônin prit Takeda de court. Il ne s’attendait pas à retourner à Tsuchi de si tôt. Cela ne lui faisait pas plaisir, vraiment pas. En ressortant du Pavillon d’Or, il vit qu’Akula était bien bouleversé que lui. Le jeune shinobi semblait sur le point de faire un malaise. S’il sembla en mesure de faire avec pendant un temps, il pressa le pas pour s’éloigner de la bâtisse abritant le commandement. Une minute plus tard, il rendait son repas du matin sur le sable chaud. Le neveu du quadragénaire chercha à se rassurer, mais il ne trompait personne. Takeda savait ce qu’il ressentait, il était lui aussi passé par là. Avec le temps, il avait été en mesure d’intérioriser son mal et ses hontes. Cela ne voulait pas dire pour autant qu’ils n’étaient plus là, bien au contraire. Le sourire de l’homme s’effaça alors qu’il s’approchait du marionnettiste.


« Tu n’as rien d’un lâche Akula, tu es simplement humain. Nos préceptes tentent tant bien que mal de nous le faire oublier, on veut faire de nous des armes sans sentiments. Mais, ce n’est pas ce que nous sommes. Certains y parviennent, d’autres pas, dit-il à voix basse. Je vais pas essayer de te faire croire que ça va disparaitre, parce que ce n’est pas le cas. Tu vivras toujours avec ça, mais crois moi sur parole, tu sauras le dominer avec le temps. »


S’approchant du jônin aux cheveux blonds, il lui posa une main réconfortante sur l’épaule et lui offrit son plus beau sourire. Sous ses doigts, il le sentait trembler légèrement, bien plus affecté par son passé que Takeda ne le pensait. Au fond de lui, il était heureux de voir que le sensei de sa fille n’avait rien d’un sadique déséquilibré.


« Cependant, nous avons une mission à réaliser. Je veux que tu chasses ces pensés obscures de ta tête ou elles nous porteront préjudice. J’aurai besoin de toi là bas et si les choses tournent mal je ne pourrai pas forcément nous protéger tous les deux. Rentre chez toi, prend une douche, parle avec Akeno. Fais le nécessaire pour te remettre sur pieds et retrouve moi aux portes du village dans une heure. »


Sur ces mots, Takeda laissa son neveu livré à lui même. Bondissant de toit en toit, il se rendit chez lui. Emiko n’était pas présente. lentement, le père de famille tira une chaise vers lui et prit le temps de s’assoir. La tête basse, il laissa ses larmes couler. Jouer les hommes forts pour Akula allait lui coûter cher mais il ne pouvait pas se laisser abattre devant lui. S’il voulait que le jeune homme puisse remonter la pente, il avait besoin de constater que le temps l’aiderait en voyant que cela avait été efficace avec son oncle. Takeda n’avait pas vraiment l’impression de lui mentir, il savait agir dans son bien et c’était tout ce qui comptait.


Ses larmes séchées, le tokubetsu jônin prépara ses affaires. Il enfila ses gantelets et autres pièces d’armures, mit son sac sur le dos et écrivit un mot à sa fille pour la prévenir de son départ. Avant de partir, il avala un grand verre d’eau fraîche. Dix minutes plus tard, il se trouvait à l’entrée du village. Akula n’était pas encore présent. Après s’être assis en tailleur à l‘ombre, le quadragénaire ferma les yeux pour méditer.

-Aye, je ferai ce qu'il faut. Je serai aux portes dans une heure pile. Le temps de rentrer en passant par les toits.

Comme d'habitude, je toque à la porte de notre balcon et Akeno vient m'ouvrir, pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu'elle me prenne dans ses bras, inutile de cacher les choses. Un instant lui suffit à comprendre ce qui a pu causé ça, elle a une moue perplexe et un brin contrariée devant la situation avant de reprendre son indifférence habituelle, d'un signe de tête elle me fait signe d'aller me refaire une convenance.

-Je vais préparer ton paquetage. Récupère un peu avant d'y aller. Qui sera avec toi?
-Takeda.
-Aie foi en lui.

C'est sur ses paroles que je me jette dans le bain, encore incapable de penser clairement. J'y reste une bonne moitié de l'heure avant d'en sortir, devant la salle d'eau je trouve mon uniforme soigneusement plié et repassé avec mon sac de combat juste à côté, par simple routine je vérifie son contenu avant d'en être satisfait ; des shurikens, des notes explosives, mes marionnettes sous forme de peluche, un sac de couchage. Comme toujours ma frangine n'a rien laissé au hasard et m'a même glissé l'une de ses fameuses "rations de survie" (des sucreries diverses et variées, très parfumées). J'enfile mécaniquement mes fringues, rajuste mon uniforme, attrape mon sac à dos et sors normalement cette fois-ci, par la porte.
Akeno m'enlace une dernière fois puis c'est l'expédition vers l'enfer.
Les rues de Suna me paraissent bien vide mais c'est tant mieux, je n'apprécie guère la compagnie des autres quand il faut partir en mission. Je retrouve Takeda à l'horaire prévu, à la manière dont il se tient il devait m'attendre depuis longtemps. Plus frais qu'à l'annonce de la mission, je me signale en avance.

-Je suis là, prêt à partir chef. D'accord.

Je sais ce qu'il doit penser ; qu'un jonin de rang A avec des peluches inspirent le ridicule, en particulier quand j'en ai une à l'arrière de mon sac à dos et trois autres qui pendent à ma ceinture, mais c'est encore la manière la plus sûre de les porter. Les parchemins de stockage sont vulnérables et m’étiquettent directement comme un ninja spécialiste du scellement, mais avec des peluches, je risque au pire de passer pour un idiot. On me sous estime un petit peu plus et on me confond à l'occasion avec une femme. Donc c'est tant mieux.

Une fois les deux hommes réunis, ils ne perdirent pas de temps. Partant ensemble alors que le soleil était encore haut dans le ciel, il savait qu’un long chemin les attendait. Le pays de la Terre était à des jours de marche et avec cette chaleur écrasante ce ne serait pas une partie de plaisir. Par chance, ils ne virent aucun tempête de sable poindre le bout de son nez. Takeda remercia sa bonne étoile. Ces catastrophes étaient bien plus courantes que ce que pouvaient penser les étrangers. Étrangers ? Voilà qu’il se considérait presque sunajin à présent. Quelle indignité. Combien de temps cela tiendrait une fois de retour sur sa terre natale ? Il préférait ne pas trop y penser pour le moment.


La première étape de leur voyage n’était autre que l’avant-poste Kôgyoku. Comment aurait-il pu en être autrement ? L’endroit était la véritable base avancé de Suna à Tsuchi, ne pas y passer aurait été une grossière erreur. Malgré tout, Takeda n’aimait pas cet endroit. Il lui rappelait de biens mauvais souvenirs. C’était d’ici qu’il partait luter contre la résistance, contre ses anciens frères d’armes. Le simple fait de se trouver là le mettait mal à l’aise. Il n’en montrait cependant rien, gardant son léger sourire de façade et saluant les gens qui lui adressaient la parole sur son passage. Tous ne le faisaient pas. Pour bien des gens, il était le Parjure, un vulgaire traître. Traître un jour traître toujours disait-on dans sa dos et parfois même en face. Ici, il n’avait pas que des amis.


Le comandant Junko, l’une des éminences locales, n’était pas son plus grand partisan. Les deux hommes avait l’un pour l’autre une haine froide et silencieuse. Dans le passé, Takeda avait affronté et tué nombre de ses hommes quand il se battait pour la résistance. Leurs mésaventures étaient loin d’être oubliées mais aujourd’hui, ils n’avaient d’autre choix que de travailler ensemble.


« Tiens donc, le Parjure.


- Commandant, répondit simplement Takeda.


- Qu’est-ce que tu viens faire ici ?


- Nous sommes en mission, Akula-san et moi même, répondit-il en tendant la lettre de l’Empereur.


- Ah tiens, t’es là aussi p’tit gars ? Eh bah. Fais donc voir ça, dit-il sèchement en s’emparant du message pour le lire, ouais, je vois. Très bien. Tu connais la procédure, enregistrez vous chez l’intendant pour avoir une chambre et allez récupérer des cartes récentes, j’suis sûr que les vôtres sont datées.


- Je n’ai nul besoin de vos cartes commandant, sourit le tokubetsu jônin.


- Ah tu crois ça ? Le message semble dire le contraire. Tu vas faire ce que je te dis et tu noteras tes informations sur mes cartes. Compris ?


- Comme il vous plaira, commandant.


- Pfff, rompez. »


Le père de famille inclina légèrement la tête avec un respect feint, sans pour autant de débarrasser de son éternelle sourire. Quand son vieil ennemi s’écarta, Takeda se retourna vers son neveu.


« Un homme charmant n’est-ce pas ? Enfin, je ne dirais pas non à un bon verre. T’es pas d’accord ? »


Junko était un misérable, à certains égards il était encore pire que ce maudit Empereur orgueilleux. Toutefois, cela importait peu au jônin, il avait l’habitude d’être vilipendé et cela commençait à lentement le laisser insensible. Pour l’heure, il devait s’assurer qu’Akula tienne le coup. Son trauma était bien plus récent que le sien. Bien que les hommes ne soient pas encore très proches, en tant que son oncle, il se devait de veiller sur lui. 

Je ne sais pas vraiment ce qui me répugne le plus dans l'avant poste ; son odeur, cette senteur si particulière de feu de pailles pour carboniser toutes les horreurs que génère le campement, ou alors au contraire, les lieux. Tout ici hurle à la corruption, plus qu'une architecture grossière ou inquiétante, c'est une ambiance ; les soldats rigolent mais regardent loin, comme si les autres n'existaient pas, le son leur vient aux oreilles mais ils ne sauraient dire d'où ça vient, la sensation d'être de trop alors qu'on est à sa place. D'être le mouton noir dans un troupeau obscur. J'ai toujours du mal à définir ce malaise mais retourner me réconforte quelque peu ; je ne suis pas le seul à en souffrir, deux types des troupes spécialisées nous croisent alors qu'on se dirige vers l'état-major, l'un d'eux nous observe dents serrés et lèvres retroussées, avant d'observer autour de lui en quête d'une éventuelle embuscade, toujours avec son rictus imprimé sur son visage. Puis on arrive au bâtiment central, Takeda ouvre le chemin. Mon esprit se met à dériver, jusqu'au moment où je tombe sur lui.
Junko. Je ne dis rien et me contente du respect militaire qui lui est dû.
Quel immonde salopard, un jour il paiera, si ce n'est pas pour moi ce sera pour ceux qui ont souffert de sa main. Un jour justice sera faite, pas aujourd'hui hélas. J'hésite, est-ce que je serais capable de me le faire? Il commence à s'empaffer et je suis au sommet de ma jeunesse, encore inexpérimenté mais j'ai la rapidité de mon côté.
Puis on dégage le plancher une fois les formalités accomplies, mon oncle me rappelle à la réalité.

-Boire un verre? J'hésite, le souvenir d'Akeno qui levait du coude pour décompresser me laisse un mauvais souvenir. Ouais, j'imagine. Je prendrais de l'eau si ça dérange pas. Akeno... Enfin j'ai pas vraiment envie de conforter la réputation de ma sœur, elle buvait pas mal. Beaucoup même quand on était là. Elle a jamais eu d'emmerdes, parce que j'étais-là et sobre, mais parfois ce n'est passé loin. Ne jamais boire armé.

Puis après la réponse, on se dirige vers le foyer de l'avant poste, là où on joue aux cartes, on boit et on se divertit comme on peut en faisant tout et n'importe quoi mais surtout n'importe quoi. Je fouille dans mes poches avant d'en sortir les bonbons de ma frangine, j'avale l'une des pastilles au fruit ; du sucre, du sucre et encore du sucre, avec au milieu de tout ça un zeste d'amande. Trois fois rien, juste de quoi donner l'illusion que ce n'est pas simplement un carré de sucre mais bien une friandise à grignoter. J'en propose une à Takeda avant de rentrer à l'intérieur.
Ca n'a pas changé d'un pouce ; toujours les marionnettistes dans un coin, les fantômes du désert dans leur petit carré attitré, les gens se regroupent par unité et à l'intérieur des unités on distingue encore les sous groupes. Le comptoir est abandonné, à la fin de mon déploiement c'était le perchoir de notre peloton. Je distingue aussi quelques tables isolées dans un coin.

-On se pose où?

Le refus mesuré d’Akula lui rappela l’addiction récente de sa jumelle. Takeda venait-il encore une fois de mettre les pieds dans le plat ? Possible. Pas de quoi fouetter un chat pour autant. Son neveu n’était plus un enfant à qui l’on ne pouvait rien dire. Prenant le pas, le jônin mena son collègue au foyer. Le soir approchant, l’endroit commençait lentement mais sûrement à se remplir. Le père de famille reconnut plusieurs visages familiers, notamment la barmaid. Shizuka, une séduisante trentenaire célibataire qui multipliait les aventures. En d’autres termes le pendant féminin de notre cher Parjure. L’homme regarda la salle, accordant de l’intérêt aux tables vides. Mieux valait qu’ils se tiennent à l’écart. Sortant de sa poche quelques ryos, il avança vers le comptoir et y posa les billets.


« Bonjour très chère.


- Tiens, tiens, tiens, voyez vous qui va là. Takeda, contente de te voir.


- Moi de même. Tu pourrais nous sortir une bouteille de saké et[/i], commença-t-il en avisant son neveu, [i]un jus d’airelle.


- Nostalgique ?


- C’est pour le jeune, petite curieuse. Ces fruits sont très répandus à Tsuchi, expliqua-t-il à Akula.


- Bien, bien bien, répondit-elle avant de les servir. Fais moi signe quand tu voudras dévorer quelque chose, ou quelqu’un...


- J’y manquerai pas hahahaha ! »


S’emparant des deux bouteilles, le jônin offrit un large sourire fort de sous entendus à la femme avant de s’éloigner. Akula derrière lui, il prit la direction de la table la plus isolée. Ils s’y assirent dans le calme et l’ainé ouvrit les bouteilles avant de remplir leurs verres respectifs. De l’alcool pour lui, un peu de jus pour son neveu.


« Santé ! s’égaya l’homme en levant son verre avant de prendre une gorgée. Pfiou, ça fait du bien par où ça passe. Alors ? Comment tu trouves cette spécialité locale ? J’en buvais presque tous les jours quand... Enfin, quand je vivais encore ici. Verdict ? »


Takeda avait beau faire de son mieux, la réalité de son passé n’était jamais loin. Il avait beau tenter de ne pas y penser, de tourner les choses en dérision, de se montrer optimiste ou encore chercher la compagnie des femmes, rien n’y faisait jamais. Il était brisé et ses fêlures ne s’effaceraient jamais.

Je roule un peu des yeux en entendant la conversation entre Takeda et la barmaid, faisant semblant de ne rien entendre (ou plutôt de ne pas percevoir le double sens) après avoir salué poliment Shizuka, je la connais. Pas de la même manière que lui évidemment, mais j'ai déjà été ici, j'ai déjà goûté du jus d'airelle, j'ai déjà goûté les eaux de vies qu'ils font à base de myrtilles et d'autres baies buissonneuses, mais inutile de lui dire. Autant se laisser prendre au jeu, j'ai tapé un an à l'avant poste, je sais comment les choses tournent ici. Peut-être même plus que lui vu tout le temps qu'il a passé éloigné du pays de la terre, mais ça, c'est le genre de question qu'on évite de poser durant les effets de style pour frimer. On va s'installer un peu à l'écart, j'en profite pour déposer mon sac à côté de moi, il commence à peser lourd à force de me trimbaler le "kit" comme aiment l'appeler les marionnettistes. Tous les parchemins de stockage que je dois me trimballer pour l'entretien des marionnettes pèsent lourds à force.

-Un peu piquant, mais c'est toujours agréable d'avoir quelque chose de sucré et parfumé. On sent les fruits, j'aime bien. On en mettait dans nos gourdes quand on partait faire nos tournées logistiques avec les autres, ça changeait de l'eau. Peut-être parce qu'il a été cool avec moi lorsque j'ai crisé, peut-être parce que c'est mon oncle, ou encore un autre truc, je ne peux pas m'empêcher de compatir à son mal être. Oui oui, je comprends où tu veux en venir. Enfin... Non, je ne peux pas comprendre le sentiment d'avoir abandonné son pays pour un autre, mais j'ai probablement déjà ressenti le malaise qu'il ressent, en moins fort sans doutes, mais un malaise reste un malaise. Voilà quoi. J'essaie d'aiguiller la conversation vers quelque chose de moins gênant, lourd. Sinon je vois que monsieur connaît du beau monde.

Shizuka est une fille bien de ce que j'ai entendu dire.
Qu'importe, quand j'y étais c'était plutôt au quartier flottant que je traînais. Puis j'ai arrêté pour une certaine raison.

-Je dois avouer que je t'aurais imaginé plus énervé avec le commandant Junko ; il n'a pas été tendre. Il se souvient de moi, mais à quel point? J'ai juste été un pion j'imagine pour lui. Même si c'était sans doutes la meilleure réaction, c'est, toujours particulier on va dire face à lui.