Saigo no Sōhei

Suite au précédent entraînement, le membre du clan à l'éventail avait décidé de programmer le prochain. Il était parti à la rencontre de son partenaire pour lui indiquer la date et le lieu de rendez-vous. Ni plus ni moins. Néanmoins, il pouvait aisément s'imaginer le déroulement de cette prochaine session en prenant compte de l'endroit prévu. Très habitués à côtoyer la terre ferme, c'était en hauteur que le duo allait se retrouver. Autant dire que ça n'allait pas être de tout repos, les deux pouvaient même y perdre la vie. Mais pour devenir un grand ninja, il fallait bien prendre des risques et confronter ses peurs.

Aijirō devait sans doute se dire que son compagnon allait être à l'heure, voire même en avance. Après tout, il était l'organisateur de cette rencontre, c'était donc logique. Pourtant, c'était loin d'être le cas pour Shōshan. Qu'il planifie ou non l'événement, il arrivait toujours à avoir du retard. Comme à son habitude, il se précipitait pour trouver une excuse sur le chemin, en faisant au plus vite pour ne pas agacer son ami qui s'était tristement habitué à son vilain défaut. › Yo Aijirō ! dit-il en levant deux doigts, ce qu'il faisait à chaque fois qu'il venait à sa rencontre. › C'est une grosse journée qui nous attends, du coup j'ai pris soin de nous préparer des plats ! Alors il n'était pas spécialement en retard parce qu'il avait dû cuisiner quelques plats pour se remplir l'estomac durant l'entraînement. D'ailleurs, la nourriture en question n'était même pas préparée par ses soins, mais par une talentueuse femme du domaine. Non, en réalité, il s'était juste réveillé en retard.

Le duo était finalement réuni et le programme allait prochainement débuter. › J'espère que tu n'as pas peur du vide ... dit-il en se rapprochant du bord de la falaise. › Notre entraînement va se faire en deux temps. La première chose à faire sera de se laisser tomber et de réussir à atterrir vivant. Forcément, si c'était le cadavre qui gagnait la terre ferme, ce n'était pas spécialement intéressant. › Puis après, nous escaladerons la roche pour revenir juste ici. L'attirail ninja est bien évidemment autorisé, d'ailleurs, j'ai ramené quelques trucs supplémentaires au cas où. Il posait un second sac par terre. À l'intérieur se trouvait des projectiles en plus, des cordes métalliques ... Tout ce qui était bon pour assurer une descente sans y laisser la vie.

Aijirō était bel et bien partant pour cet entraînement qui frôlait le suicide. Parfait ! Un peu d'adrénaline faisait toujours du bien. Un petit temps de préparation avec l'attirail ninja apporté par Shōshan et voilà que le membre du clan au tourbillon se projetait sans plus attendre dans le vide. On se retrouve en bas disait-il ... Rien que pour la blague, le possesseur du sharingan était tenté de faire volte-face et le laisser en galère. › Tu ne m'attends pas ?! Désormais, c'était à son tour de plonger dans le vide. Une première inspiration, il ne devait pas penser aux détails et juste sauter. › Ikuzo ! Le jeu pouvait officiellement commencer.

Voilà qu'il s'était propulsé vers l'avant et qu'il tombait dans le vide. La réaction devait être instantanée et le jeune garçon remarquait que son ami s'accordait un peu de temps avant de faire quoi que ce soit. Sans doute devait-il réfléchir à une quelconque action pour lui permettre d'atterrir en un seul morceau. Shōshan lui se servait d'un projectile qu'il logeait dans la surface rocheuse et agrippait à une corde métallique. Il reproduisait à chaque fois cette opération lorsqu'il arrivait à la fin de son support. Une manœuvre qui ne fonctionnait pas réellement. Son mouvement de bras manquait de force et le projectile ne se plantait sur la surface logée. Tandis que son poids forçait l'armement à se décrocher et chuter avec. D'un coup d’œil, il observait son camarade qui se servait de deux kunaïs qui rasaient la roche au fur et à mesure qu'il descendait. › Dans quoi je me suis embarqué ... Tout en tombant dans le vide, le garçon réfléchissait à un moyen concret de gagner la terre ferme sans se briser les jambes. D'ailleurs, le duo n'était plus très loin de la destination visée et il fallait réfléchir à une solution viable.

À force de se laisser chuter, Shōshan rattrapait progressivement son camarade. Bientôt arrivé à son niveau, il était nécessaire de l'interroger. Le travail d'équipe pouvait être la réponse à ce dilemme mortel. › Une idée, Aijirō ?! Je sèche ! D'ailleurs, il n'allait pas tarder à le dépasser s'il ne trouvait pas un point d'appui comme lui.

Malheureusement pour Shōshan son camarade ne semblait pas enclin à trouver une solution en équipe. D'ailleurs, il avait étrangement disparu et le membre du clan à l'éventail n'arrivait pas à comprendre comment. Comment était-ce possible ? Une technique qu'il gardait secrète jusqu'au aujourd'hui ? Si c'était le cas, ce petit malin cachait bien son jeu ! Impossible de savoir où il se trouvait, même son dōjutsu s'avérait inutile à ce moment précis. › Je crois que c'est la fin ... Toujours à tomber dans le vide, le jeune homme était visiblement prêt à accepter son sort. Une chose étonnante pour celui qui s'était fait la promesse de participer à l'unification de la province de feu pour retrouver les siens. Mais il semblait avoir perdu espoir et baissait les bras. Une mort loin d'être belle l'attendait, son corps allait bêtement se ramasser par terre et être amoché par la chute brutale.

À deux doigts de la mort, le garçon à la chevelure était repris par une soudaine motivation. Toutes ses pensées négatives venaient de le quitter et il ne pensait qu'à assurer sa survie. Néanmoins, il allait devoir être ingénieux pour réussir ce qu'il avait en tête. En harponnant deux poignards, il associait les deux armes par une longue corde métallique. Il en projeta un vers un immense arbre qui se trouvait face à la falaise en comptant sur sa pupille pour assurer le coup. Le second était logé au sein de la surface rocheuse en comptant sur toutes les forces du garçon. Puis en canalisant de l'énergie spirituelle à ses pieds, il prenait un léger appui pour se propulser légèrement en hauteur. D'un coup de pieds, il enfonçait encore plus le kunaï et en harponnait un troisième. Lors de la nouvelle chute, il comptait cette fois-ci sur la corde métallique qui occupait la fonction de tyrolienne. La descente était désormais assurée et autant dire qu'il avait sérieusement eu chaud. À quelques secondes près, son idée n'était plus possible et les moines qui avaient démocratisé le chakra préparaient déjà son accueil dans l'au-delà.

Enfin sur la terre ferme, le garçon était bien plus serein. La dose d'adrénaline était intense et il soufflait encore et encore pour se remettre d'un tel événement. › Aijirō ! Punaise, où est-ce qu'il est passé celui-là ... Un problème persistait : la disparition de son ami. L'adolescent comptait rester ici encore quelque temps, dans l'espoir de le retrouver. En attendant, il allait se remettre de ses émotions.

Une heure. Cela faisait plus d'une heure que son camarade était introuvable. › Comment c'est possible ... Le jeune membre du clan à l'éventail vagabondait dans un périmètre prédéfini par sa propre personne et cherchait une explication censée à sa disparition soudaine. › Aijirō, t'es qu'un idiot. Bon sang ... ! Une inquiétude naturelle. Impossible de comprendre le pourquoi du comment et il se sentait plus ou moins fautif. C'était lui l'organisateur de cet entraînement. C'était lui qui lui avait proposé un programme suicidaire. S'il avait fait l'exploit de s'en sortir vivant, qu'en était-il de son vieil ami ? Difficile de penser qu'il était mort ... Qui sait, c'était sans doute une mauvaise blague de sa part. Peut-être même qu'il s'était téléporté à un endroit. Qui sait, il se trouvait peut-être d'ores et déjà en haut de la falaise ?! Pour en avoir le cœur net, il était nécessaire de procéder à une petite vérification. › Tu vas le payer très cher si tu n'es pas en haut, fichu Aijirō ! Voilà que le garçon était désormais face à cette immense surface rocheuse. Si la chute était rapide, l'escalade était très différente ...

Une vérification de son attirail était nécessaire. Dans un premier temps, il avait récupéré l'équipement utilisé pour optimiser sa chute et assurer sa survie. Désormais, il fallait se montrer ingénieux pour utiliser l'outillage ninja pour faire le chemin inverse. Dans l'idée, les poignards étaient les seuls objets susceptibles de l'aider. La planification de son plan était déjà ancrée dans un coin de sa tête. Purement théorique, il espérait que la pratique allait se montrer concluante. S'il échouait, il était toujours capable de répéter la manœuvre de la tyrolienne pour s'en sortir. › À la une, à la deux ... Une ultime inspiration alors qu'il était face au point d'escalade. › ... à la trois ! En composant le demi-signe du tigre, le garçon s'était propulsé droit devant. Énergie spirituelle à ses pieds, il grimpait à la verticale. Puis lorsqu'il sentait qu'il allait lâcher, il logeait son poignard de toutes ses forces pour agripper et reprendre ses esprits. Un procédé qui se répétait encore et encore jusqu'à atteindre le sommet, à bout de souffle.

Si cette journée était éprouvante, il était bien content d'avoir réussi le challenge. › Je l'ai fait ... ! Malheureusement, l'Uzumaki n'était pas présent au point de départ et d'arrivée. Ce jour signait visiblement la fin d'une amitié. Les mois passaient encore et encore et le garçon n'avait plus de nouvelle de son camarade.