Saigo no Sōhei

Finalement le Mizukage avait tenu sa parole. Kasai était débarrassé du Hyōketsu, et du reste de l’équipe. Il ne s’était jamais vu appartenir au cadre de la team numéro 7. Le parchemin qu’il venait de recevoir en revanche s’annonçait de bonne augure : l’équipe numéro 1. Un groupe avec un tel chiffre annonçait de grands exploits ! Le Hōzuki ne reconnu néanmoins pas les noms qui figuraient sur le détail de mission. Yamaga, ça ne lui disait rien. Il faudrait vraiment que Kasai fasse des efforts sur les appellations importantes du village. Un Jonin, ça ne s’oublie pas tout de même. Quant au second, si c’était le même flou le nom de famille en revanche l’inspirait. Uzumaki. Encore un clan lié au village de Konoha. Comme les Inuzuka. S’il peinait à mémoriser les capacités de ceux de Kiri, sa maman lui rabachait sans cesse l’histoire du village caché de la feuille, et des familles qui l’avaient marqué. Uzumaki signifiait donc Fūinjutsu en théorie. Et Kasai venait juste d’en saisir les bases. Fille ou garçon, peu lui importait du moment qu’ils pourraient tirer profit mutuellement de cette alliance.

Nouant son bandeau à son bras gauche comme à son habitude, le gamin quitta la demeure familiale au pas de course. Aujourd’hui était donc un jour à deux objectifs : rencontrer son nouveau groupe et notamment son instructeur, et remplir la mission qu’on leur avait assigné. D’ailleurs, il n’avait pas jugé utile d’en lire le contenu. Il faudrait donc jouer les concierges. Quelques jours auparavant Kasai aurait râlé. Il aurait préféré une mission plus amusante. Comme la traque d’un chat. Ses aventures avec le duo des glaces l’avaient définitivement vacciné. Et puis cette fois-ci, il avait un avantage. Arrivé sur le chemin des Sept Colonnes, qu’il connaissait désormais comme sa poche, le Hōzuki reconnut la chevelure rousse qui patientait déjà devant le bâtiment. Le prénom, il ne l’avait pas. Mais il savait qu’ils s’étaient trouvés ensemble sur les bancs de l’académie. Un coup d’oeil au parchemin.

▬ Bonjour Natsuki. Je suis Kasai, nous sommes désormais dans la même équipe.

Ni chaud, ni froid. Plus une constatation qu’autre chose. Pourtant Kasai était soulagé. Pas de glaçon dans les parages, et à priori pas de rivalité brutale à l’horizon. Le Hōzuki avait passé les semaines précédentes en compagnie de deux demoiselles pour son enseignement au scellement. Et de celà il avait tiré une conclusion évidente : il est bien plus aisé d’apprendre en compagnie de la gente féminine que de la gente masculine. Les informations ne sont pas gardées jalousement, les chamailleries sont moindres. On gagne en temps et en efficacité. Donc il était content, même s’il ne le manifestait pas nécessairement.

▬ Notre Jonin est arrivé ?

Question idiote : arrivé ou pas, s’il ne voulait pas se montrer ce n’était pas deux Genin qui le débusqueraient. Il recentra son attention sur le parchemin.

▬ Je suis venu assez souvent ces derniers temps, ça va nous aider pour le rangement.

Voila, Kasai avait suffisamment comblé le vide, utilisé assez de salive pour le moment. Il avait déjà soif d’ailleurs.

Spoiler:

La rencontre s’avérait plus étrange que prévue. Sa coéquipière semblait à demie-endormie, peut-être anesthésiées par des herbes étranges. Et leur sensei … Kasai tâcha de mettre ces détails de côté. Il ne pouvait pas se permettre de faire à nouveau le difficile auprès du Quatrième. D’autant que ces éléments restaient secondaires. Si Natsuki avait l’air un peu particulière, au moins elle ne lui avait pas sauté au cou ou arracher la jugulaire. Il faut s’attendre à tout de la part d’une femme. Le Hōzuki écouta sa comparse déverser son flot de paroles, issues probablement d’un manuel d’art ninja. On aurait pu dire la même chose de façon plus concise, mais soit. Au moins ça comblait le vide de l’attente. “Tu as l’air futé” … Kasai aurait voulu dire merci ou balancer un compliment à son tour, mais rien ne vint tant la surprise l’avait saisi !

Heureusement leur sensei vint à sa rescousse. Le Genin ouvrit grand les yeux quand ce dernier vint s'aplatir contre le sol. Était-il bourré ? Non, c’était sûrement le poids de son épée qui l’avait conduit à perdre l’équilibre. Chercher des explications simples, des échappatoires à la réalité. Le Yamaga ne payait pas de mine, et pourtant Kasai ne s’en offusqua pas plus que ça. Le pire était évité : pas de sang Hyōketsu dans les veines, ça valait tout l’or du monde. Kasai sursauta. Payer le repas ? Lui qui était toujours fauché comme les blés, dont la maman prélevait le moindre ryo gagné pour “son avenir” ? Il allait devoir redoubler d’efforts, l’échec n’était pas permis. Le gamin s’avança donc vers le bâtiment, après ces brèves mais efficaces présentations. Discuter dans l’enceinte n’était pas permis, le Genin l’avait bien compris. Aussi décida-t-il de poser ses interrogations avant de franchir la porte.

▬ Vous êtes épéiste ? C’est quelle lame ?

Kasai pointait l’imposante masse dans le dos de leur supérieur. Il connaissait les épées légendaires de Kiri, mais dans dans leur globalité, pas individuellement. Assez lamentable pour un Hōzuki, mais il n’avait jamais été capable de les mémoriser. Pourtant celle-ci sortait clairement du lot, rien que par sa stature ! Au même moment un ancien s’approchait des portes, les bras chargés d’imposants manuscrits. Le Hōzuki parti le décharger, finissant lui-même écrasé sous le poids du savoir.

▬ On devrait peut-être s’organiser non ? Se répartir le travail pour aller plus vite ?

Histoire de ne pas y passer la journée, et d’entamer les choses sérieuses ! Kasai avait hâte de mettre à profit les compétences de sa nouvelle équipe, et d’apprendre de quoi botter le cul du Borgne, par exemple. Difficile d’envisager un planning sérieux sans connaître les compétences des deux autres, mais le cerveau du Hōzuki s’agitait déjà pour s’organiser. Les gênes de sa mère qui faisaient effet sûrement. Et si Natsuki semblait narcoleptique par moment, il la secouerait pour la pousser au cul ! Quant à leur sensei … Kasai vérifierait que ses chaussures soient bien nouées, et proposerait peut-être de sceller l’arme lourde dans un parchemin. Ca ferait un bon exercice. Motivé à bloc le petit Kirijin !

Le sensei était tombé. Natsuki s’était empressée de le soigner. Bien pratique ! Certe ce n’était qu’un petit bobo de bas étage, mais sa réactivité était encourageante : un atout sur le champ de bataille et en entraînement ! Contrairement à sa première impression, l’Uzumaki était bien plus dynamique qu’il l’aurait cru. Il n’eut même pas son mot à dire quand celle-ci le déchargea de quelques bouquins, le libérant d’un fardeau conséquent. Samehada. Le Hōzuki n’était plus friand des épées légendaires depuis un bon moment maintenant, mais celle-ci lui avait laissé une sacrée impression. Premièrement par sa stature impressionnante, et son apparence peu commune. Deuxièmement par ses capacités. Et troisièmement par son espèce de volonté propre. “La capricieuse”, ça voulait tout dire. Clairement pas une arme que Kasai souhaiterait manipuler. Pour un entraînement de force, tout au plus. En tout cas pour la posséder, le Yamaga devait être bien plus fort physiquement que le Genin l’aurait cru de prime abord.

Il laissa le coup de coude le déporter quelque peu sur le côté, sans vraiment savoir quoi en faire. C’était à la fois chaleureux et jovial. Tout le contraire de ce que l’Hōzuki avait cotoyé jusqu’à présent. Plutôt dépaysant et sympathique ! Kasai ne put s’empêcher de réagir quand Natsuki évoqua le ménage à venir.

▬ On a tendance à me prendre pour une serpillère ! C’est pas parce que je peux devenir liquide qu’il faut envisager de m’utiliser comme un produit ménager. Je vous préviens !

Pour le coup oui, c’était une menace. On lui avait fait la vanne trop souvent quand il était gosse, et cet humour-là n’était pas bien passé du tout. Ils pénétrèrent tous dans le bâtiment, le Genin priant pour que les deux autres n’émettent pas trop de bruits dérangeants. Il savait ce que serait le résultat. Sans attendre davantage il déposa sa pile de livres sur le comptoir de l’accueil, sans vraiment savoir s’il devait épauler Natsuki.

▬ Ca va aller ?

Il reconnut le visage qui leur faisait face. La vieille harpie aux répliques plus cinglantes que mauvaises : elle avait pris soin de lui durant son étude du scellement. Et sans ça, il l’aurait traité de poulpe décharné et malodorant. Chuchotant autant que possible, Kasai décida d’enchaîner.

▬ Bonjour, on vient pour épauler.

Comme si ce n’était pas évident. La préposée énuméra la suite comme un poème mémorisé il y a des siècles.

▬ Il faut ranger tous ces manuels. Mettre de l’ordre dans la salle d’exercice numéro 4. Récupérer les livres empruntés mais jamais rendus. Veiller à ce que les intervenants aient tout ce dont ils ont besoin. Et dépoussiérer les bibliothèques.

Kasai en eut la mâchoire déboîtée. Rien que ça ? Il observa les multitudes de rangées hautes comme des tours, puis son équipe. Trois. Ils étaient trois pour tout achever, seuls. Natsuki se chargeait déjà des rappels à l’ordre. Restait encore beaucoup d’éléments. La préposée avait déjà remis le nez dans sa paperasse. Aussi Kasai décida-t-il de se choisir une ou deux tâches avant que leur sensei ne s’empare des plus intéressantes. Il lui laisserait volontiers les étagères, lui qui maîtrisait certainement le clonage à haute performance.

▬ Je vais ranger les bouquins et la salle d’exercice, ça devrait m’occuper un moment. On peut voir ensemble pour la poussière. Ça vous va ?

Force & Honneur comme on dit.

L’équipe commençait plutôt bien, ça avait l’air d’être un bon début. Yasujiro n’avait pas tellement cotoyé ses anciens coéquipiers. rien d'étonnant à cela. Jadis, le Yamaga était faible et considéré comme un pestiféré. Alors, c’était la porte-ouverte à toute sorte de violences et brimades en tout genre sous prétexte de perpétrer la tradition de la Brume, de la Sanglante. Mais aujourd’hui, c’était différent : Yasu’ avait apparemment eu de la chance avec cette petite équipe. Un peu de douceur et d’innocence dans ce monde de barbares, ça ne mangeait pas de pain comme on dit.

“Eh bien ma foi, tu ne risques pas grand chose. Le ménage et moi, ça fait deux tu sais.” rétorquait-il à Kasai quant à sa remarque sur l’usage de son corps en tant que serpillière. Un peu d’humour, ça ne faisait pas de mal. Enfin, il l’espérait.

La suite n’était pas des plus compliquée : une dame âgée les renseignait sur ce qui se devait d’être leur mission. Rien de très reluisant mais au moins, cela pouvait aider à inculquer la discipline et ils étaient en sécurité. Alors, quand Kasai proposa une façon de fonctionner, Yasujiro souffla discrètement du nez tout en fermant les yeux. Premièrement, il avait l’air de faire un bien piètre professeur. Deuxièmement, l’on pourrait croire que c’était le jeune Hozuki qui était à la tête du trio. Mais cela prouvait que derrière son faciès peu enclin à la sociabilisation, il avait l’âme d’un petit chef. Et puis, allez savoir, peut-être que ça pourrait leur servir un jour. Hors de Kirigakure no Sato, faire croire qu’il donnait les directives pourrait s’avérer être un piège des plus fatals pour leurs adversaires/cibles. Mais l’heure n’était pas à la stratégie militaire mais plutôt à la pédagogie.

“Très bonne idée Kasai !” lui lançait-il sans faire trop de bruit non plus “Je m’occupe des différentes tâches annexes avant de vous retrouver dans le coin dès que j’en aurais terminé.” conclut-il avant d’échanger un énième sourire avec eux et de se diriger vers la tenancière des lieux. Une femme forte, semblait-il.

D’un geste de main, il accapara son attention “Y a-t-il quoi que je soit que je puisse faire en plus de tout ce qui a été demandé jusqu’ici ?” pas de réponse, la vieille dame se contenta de tapoter l’une de ses épaules avec son stylo “Haha, je n’ai pas bien entendu madame ou alors je n’ai pas parlé assez fort : que puis-je faire de plus ?” répondait-il au vide avant de revoir la même mimique.

Ce cinéma dura bien une trentaine de seconde avant que la demande soit clairement exigée : la harpie voulait un massage. Un massage vigoureux lui rappelant ses vingt ans réalisé par des mains fortes et jeunes. “C’est quoi ce délire, pourquoi ça tombe toujours sur moi ???” pensait-il désespérément. Mais la mission étant ce qu’elle était, il s’exécuta. Et c’était donc non sans un petit harcèlement sexuel et quelques tentatives d’attouchements sur le pauvre homme que la tâche fut accomplie avec brio. Heureusement que les genins n’étaient pas là. Hein, ils n’était pas là. Hein .?.????

Il réussit cependant à se soustraire de son devoir en promettant un dîner aux chandelles avec la ravissante femme qu’il venait de servir. Quel bourbier. Ainsi, il attendit ses coéquipiers tout en étant habillé comme un agent polyvalent : petit masque, petits gants, petit balais, petit pshit pshit et tout et tout. Yasujiro était é-qui-pé, wallah.

“Tout s’est passé comme prévu pour vous ? Pas de coquille, d’élément troublant ?” non, il ne pouvait pas y en avoir idiot. Il n’y avait vraiment que toi pour manquer de te faire violer par une septuagénaire dans une bibliothèque en pleine mission. Idiot bête.

Kasai n’avait pas relevé la pointe d’humour de leur sensei, et n’avait pas fait l’effort d’esquisser un sourire. Non, cette histoire de serpillière n’avait rien d’amusant. Finalement Natsuki s’était attelée la première à la tâche, suivie de près par le Yamaga. C’est sans grande motivation que le Hōzuki empila l’imposante masse de livre pour commencer à les redistribués sur leurs étagères. Un peu ambitieux ! Il la scinda donc en plusieurs petits paquets. Décidément, les missions de rang D commençaient à l’user. Entre les quêtes d’animaux et le ménage, rien de très passionnant. Une petite voix dans sa tête lui intimait d’en profiter pour accroître ses compétences, exercer son chakra, porter plus de poids pour déchirer des muscles afin d’en former de plus solides … peut-être était-ce dû à la solitude, mais ça n’enchantait pas le Genin. A plusieurs reprises il bouscula des usagers de l’imposante bibliothèque. Si le poids restait correct, l’empilement des ouvrages l’empêchait de voir devant lui. Il faudrait donc réduire à nouveau les piles. Ce qui lui prendrait encore plus de temps. Les premiers problèmes émergèrent rapidement : s’il n’était pas le plus petit de sa génération, Kasai n’était pas non plus le plus grand. Le nez en l’air, il observa longuement l’espace vide entre deux livres. Et c’était hors d’atteinte.

Le gamin fit plusieurs fois le tour des bibliothèques en quête d’une échelle ou quelque autre outil susceptible de l’amener vers les hauteurs. Nada. La seule échelle qu’il repéra était déjà utilisée, et vu le nombre d’ouvrages à dispatcher elle ne serait pas disponible avant un moment. Un coup d’oeil à gauche. Un autre à droite. Le possesseur de Samehada semblait aux prises avec la cheffe des lieux, une diversion des plus utiles. Encore que Kasai grimaça quand il vit son sensei en prise avec les épaules de la mégère. Eurk. Soit leur sensei avait des goûts plus qu’étranges, soit lui aussi subissait cette mission peu agréable. Finalement le Hōzuki n’avait pas à se plaindre. La voie était donc libre. Il repéra les autres espaces libres du rayonnage, observa les tranches des bouquins, et entreprit de grimper progressivement. Cinq ouvrages sous le bras, il ferma les yeux pour se concentrer. Du chakra dans les pieds, du chakra dans les mains. C’était devenu relativement simple à centraliser au fil des entraînements. Pas le droit à l’échec aujourd’hui, tomber c’était perturber les lectures, et ça personne ne le tolèrerait. Posant sa main gauche sur le bord de la première bibliothèque, il commença à se hisser lentement. Le premier livre, le plus proche du sol. Puis le second. Le troisième … et ainsi de suite. Kasai n’eut plus qu’à se laisser glisser au sol.

Le reste du rangement s’effectua sans grande difficulté. Aussi Kasai put-il passer rapidement à la suite.

La salle d’exercice numéro quatre. Kasai la connaissait bien, pour y avoir passé plusieurs semaines d’affilées. C’était généralement l’espace dédié à sa sensei temporaire, afin d’y enseigner l’art du scellement. Le Hōzuki était particulièrement enjoué à l’idée de pouvoir la croiser aujourd’hui, et lui parler de ses derniers exploits. C’est qu’il avait bien avancé, le gamin ! Sa mine se déconfit presque aussitôt : personne. Personne, mais un bordel que lui-même n’aurait jamais réussi à mettre. Les petits objets destinés aux premières phases d’exercice étaient éparpillés au sol. Les armes de jet étaient plantées un peu partout dans les murs ; ça, il connaissait pour en avoir libéré plusieurs sans se soucier de leur mouvement de sortie. Au même moment, un kunai tomba au sol, éraflant Kasai au front. Aussitôt il fit un pas en arrière, prêt à en découdre avec ce shinobi qu’il n’avait même pas ressenti. Le spectacle n’était pas réjouissant : une flopée de shuriken se retrouvait également figée au plafond. Il passa un doigt sur sa blessure légère et idiote. Bien. Il fallait s’y mettre.

Kasai commença par décrocher tout ce qui s’était niché en hauteur, histoire de ne pas finir le crâne fendu par une arme trop lourde pour la pesanteur. Il fit plusieurs tas dans la pièce pour rassembler les objets et les ranger dans les caisses dédiées. Le gamin prit soin de ranger les objets les plus lourds au fond de la caisse d’exercice primaire, et les plus légers au-dessus. Le prochain à subir l’enseignante apprécierait le geste. Il redressa les chaises, dégagea les tables, empila les parchemins vierges, passa un coup de balai … Et s’en retourna sans même jeter un oeil par-dessus son épaule. Des regards curieux fixèrent son front dans le couloir, sans que Kasai ne parvienne à identifier l’origine du problème. La petite coupure ne le piquait plus et ne saignait plus, c’était donc déjà oublié.

Il rejoint finalement le Yamaga dans la salle principale. Le calvaire n’était pas terminé, restait le grand ménage de printemps.

▬ Qu’est-ce que …

Décidément, leur sensei ne payait pas de mine ! Kasai se fit un petit inventaire. D’abord, il était tombé, tout seul. Ensuite il avait dragué la vieille chouette. Et maintenant il était habillé en parfaite ménagère.

▬ Non, non pas de soucis particulier … et de votre côté ?

Oui, c’était sûrement un coup sur la tête qui l’avait amené à se déguiser de la sorte. La scène était si dérangeante que le Hōzuki ne remarqua même pas le retour de Natsuki.

Tout allait bien du côté de Kasai. Bien. Pour ce qui était de Natsuki, les choses étaient bien différentes. Il l’avait devancé, comme elle disait. Ce à quoi il répondit en forçant sur sa voix, une main placée non loin de son propre faciès “HoHooo, tu pensais être plus rapide que moi ?” sa main vient se placer derrière son crâne, un air faussement vantard “Tu dois encore t’entraîner, petit scarabée.” ainsi s’était-il exprimé.

La suite ? La jeune fille enchaînait sans perdre trop de temps. Porter des livres ne l’avait pas achevé. Elle avait de l’endurance, une bonne chose donc. Mais elle ne semblait pas pour autant être en reste “Oui ?” répondait-il armé d’un air curieux et plus resplendissant que son interlocutrice (ne pas oublier qu’il est habillé comme une ménagère). L’esprit d’équipe habitait le corps des genins, chose qui fit sourire de fierté le sensei attitré du duo. En se caressant le menton - yeux fermés -, il rétorqua de plus bel “Bonne idée, faisons comme cela !” conclut-il en frappant du poing l’une de ses mains, comme pour approuver cette idée de génie.

Les deux énergumènes savaient prendre des initiatives, au moins une chose qu’il n’avait pas à leur enseigner. N’ayant pas non plus toute la semaine pour nettoyer la bibliothèque, il se mit rapidement au travail, profitant alors de son talent pour le kenjutsu afin d’optimiser le nettoyage des lieux. Mais plus le temps passait, plus il se rendait compte que la tâche se révélait plus ardue que prévu et ce, pour deux raisons : les lieux étaient immenses et la poussière revenait rapidement.

N’écoutant que son courage, il redoubla d’effort tout en tentant de faire le moins de bruit possible. Mais c’était une chose bien compliquée si on devait prendre en compte sa respiration ainsi que le son du balais et de la serpillère. La tenancière des lieux s’y reprit à plusieurs fois afin de calmer le jeune homme (juste avec les yeux, au loin, l’air de dire j’peux toujours te bouffer mon grand).

Ainsi, après une bonne heure à cavaler comme jamais, il retourna à l’entrée de la bibliothèque, fier de son travail accompli. Les genins étaient déjà présents. Hmm, ils n’avaient sans doute pas terminer “Alors comme ça, on prend une petite pause ?” lançait-il aux deux tire-au-flancs “J’en connais qui vont devoir me payer le dîner. Attention, je mange pour deux hehe…” sans vergogne, il fallait bien qu’ils apprennent non ?

Un poème pour Kasai :

Kasai y avait cru. Il avait regardé sa comparse lever le spray vers leur sensei, et il l’avait imaginé appuyer. Sans trop comprendre pourquoi, d’ailleurs. Juste parce qu’il était prêt avant eux ? Il ajouta “compétitrice” à la liste des traits des caractères de Natsuki, juste pour être sûr de ne pas l’oublier. Sans grande motivation, il récupéra le chiffon tendu. Un mauvais moment à passer, et ils seraient enfin libres. Totalement hors du défi lancé plus tôt, le Hōzuki interpréta différemment la proposition de l’Uzumaki. C’était sans doute une volonté de s’exercer davantage, d’accroître sa maîtrise du chakra. Et certainement pas une bassesse pour ne pas avoir à payer le déjeuner que le Genin avait déjà oublié. Il salua l’idée, sans réellement y adhérer : il venait juste de faire ses cabrioles sur les étagères, et l’envie de recommencer ne le chatouillait pas spécialement. Encore plus s’il fallait rivaliser avec une fille intéressée par la compétition. Mais bon … c’était toujours plus fun que de faire des courses de balais en silence.

▬ Bonne idée, ça nous fera un bon exercice de contrôle du chakra.

Et ils se mirent à la tâche aussitôt. Kasai s’occupa des étagères le plus à gauche, et laissa celles de droite à Natsuki. C’était pénible. Le Hōzuki aurait tout donné pour maîtriser le Futon, et tout envoyer bouler à l’extérieur d’un simple souffle contrôlé. Il passa le temps en s’imaginant quelles pouvaient être ses propres affinités, d’ailleurs. Peut-être n’en avait-il pas ? Simplement la maîtrise de l’eau, qui en soit était déjà suffisamment chronophage. Un aller de chiffon, un retour sur l’étagère. Et s’il maîtrisait le Raiton ? Ce serait ironique, risquer de s’électrocuter à chaque perte de moyen. Un aller de chiffon, un retour sur l’étagère suivante. Le Katon ? Comment maîtriser le feu quand on vit eau ? Un aller de chiffon, un retour sur l’étagère. Doton ? Bof, la terre c’est puissant, certes. Plein de ressources, et combiné à l’eau … pitié pas la terre ! Sans raison valable, ça ne plaisait simplement pas à Kasai. Un aller de chiffon, un retour sur l’étagère. Bibliothèque suivante.

Kasai n’avait jamais fait le fameux test de la feuille, pour connaître sa propre essence. Peut-être par crainte du résultat, ou plutôt d’un non résultat. Il faudrait peut-être s’y mettre pourtant. Il lui restait encore tant à faire ! Ca faisait beaucoup de préoccupations, beaucoup de doutes, beaucoup d’angoisse. Peut-être en discuterait-il avec leur Jōnin attitré ? Etait-il réellement Jōnin d’ailleurs ce drôle d’énergumène ? A aucun moment le Yamaga ne l’avait précisé, et Kasai l’avait dédui sans aucune base à son raisonnement. Finalement il termina juste au moment où leur instructeur venait se gausser de leur inefficacité.

▬ Ah, j’avais oublié cette histoire !

Et son porte-monnaie n’était pas des plus rempli. Pourtant, sans même jeter un oeil à Natsuki, il décida de faire un premier geste, histoire de ne pas passer pour le plus pingre.

▬ Je vais payer, de toute manière on a tous les deux un peu tardé.

Le restaurateur n’aurait qu’à retenir la note. Difficile de s’esquiver quand on porte le nom d’Hōzuki, on sait toujours où frapper pour se plaindre. Et puis … mine de rien, Kasai était bien content de quitter cet endroit austère, sans avoir à faire de nouvelle réclamation au Mizukage ...

Un poème pour Yasujiro: