- NarrateurÉquipe SnS
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Fiche du Shinobi
Rang: S✭
Équipement: N/A
Attribut(s): —
Peu de temps après l'annonce du quatrième du nom, une date était officiellement donnée pour assister aux funérailles.
Les villageois respectivement regroupés par rang portaient des vêtements noirs comme le voulait l'événement ; le dirigeant du village lui se trouvait devant. La cérémonie débutait naturellement par un moment de silence.
Les décédés avaient le droit à une pierre tombale plus qu'honorable : le symbole de la brume était gravé dessus et un espace était dédié afin d'identifier le shinobi en question. Pour l'ensemble des victimes, une phrase était inscrite pour leur rendre hommage. De petits pots de fleurs accompagnaient les lieux ; les villageois pouvaient désormais se recueillir auprès de ceux qu'ils affectionnaient tout particulièrement.
- InvitéInvité
S’il n’était pas adepte des couleurs vives, Kasai n’aimait pas spécialement se draper entièrement de noir. Kiri était un village suffisamment terne sans en rajouter. Mais c’était de rigueur, aussi s’était-il plié à la règle. C’était les premières obsèques auxquelles il participait. Dire au revoir n’était pas son fort, aussi le Hōzuki s’esquivait-il toujours. L’ambiance était pesante, évidemment. Tout semblait coordonné, comme une pièce de théâtre de mauvais goût. Il comprit rapidement que le rassemblement ne se faisait pas en famille, mais par grade. Même ces moments-là semblaient régulés par l’ordre militaire. Le Genin s’approcha de son “groupe”, et attendit patiemment. La minute de silence sembla durer une éternité. Seul le son monocorde de la pluie semblait rythmer les coeurs meurtris. Ca le rendait mal à l’aise. C’était désagréable. Il observa furtivement les tombes. Une idée sombre s’insinua dans son esprit : les corps du Hyōketsu et de la Shōka étaient-ils bien dans leurs crevasses respectives ? N’aurait-on pas fait disparaître leurs dépouilles ? L’idée lui glaça le sang. Finirait-il lui aussi six pied sous terre ? Non, Kasai était fait d’eau, il voudrait nourrir l’océan. De belles funéraires brûlantes sur l’eau, voilà qui lui conviendrait davantage.
Son esprit vagabonda à nouveau vers le Borgne. Leurs échanges n’avaient été que poison, insultes dissimulées, mots sans le moindre respect, sans la moindre considération. Ils avaient tous deux voulu s’étriper mutuellement, dans une joute littéraire inféconde. Kasai n’arrivait pas à ressentir de tristesse pour lui. C’était un chien de guerre, il avait sûrement sombré tel qu’il l’avait souhaité. Encore que le Genin lui aurait bien craché un “bah alors, le grand guerrier s’est fait écrasé ?”, en attendant une réplique placide. Mais rien ne serait venu. Il n’était pas empreint de chagrin, simplement … indisposé. C’était étrange d’imaginer qu’un esprit aussi acéré que le sien ait pu disparaître, comme ça, sans rien laisser.
Pareil pour le Colosse d’ailleurs. Difficile de croire qu’une carrure pareille ait pu être écraser quelques jours plus tôt. D’autant plus reliée à cette épée qui avait laissé Kasai sur le popotin. Epée emblématique qui avait d’ailleurs disparue, elle aussi. Il ne resterait donc rien de ce Jōnin. Ni bien matériel, ni souvenir : jamais Kiri ne voudrait honorer la mémoire de celui qui avait fait perdre le précieux artefact. Il n’avait pas de disciple, et pas d’héritier. Aucun doute que le pauvre mastodonte serait balayé avec dédein. Pourtant Kasai avait pu observer sa bravoure, il ne put ignorer ce pincement au coeur.
Quant à la Shōka, le Hōzuki n’avait jamais eu le plaisir de la rencontrer. Mais il savait qu’elle laissait derrière elle des disciples. Kasai préféra ne pas imaginer ce qu’il ressentirait à leur place. Et il savait aussi que cette perte affecterait certainement Natsuki. A Yasujirō et lui de servir de tampon pour la préserver.
La cérémonie laissa place aux proches, et Kasai préféra s’éclipser. Le service funéraire était terminé, il aurait fait tâche dans le paysage. Un jour sombre pour le village caché de la brume.